La Chimie de la Confiance
- Michaël Ameye
- 24 févr.
- 4 min de lecture
Dans un monde BANI, comment la confiance peut-elle devenir le ciment des organisations, et favoriser résilience et adaptabilité ?

Dans le paysage des affaires en évolution rapide d'aujourd'hui, caractérisé par sa nature BANI - fragile, anxieux, non linéaire et incompréhensible - la confiance est devenue la pierre angulaire de la réussite organisationnelle. Le cadre BANI met en évidence la fragilité et l'imprévisibilité des environnements modernes, où les stratégies traditionnelles sont souvent insuffisantes. Dans un tel monde, comment la confiance peut-elle devenir le ciment des organisations, en favorisant la résilience et l'adaptabilité ?
Les racines de la confiance : La sécurité psychologique
Au cœur de la confiance se trouve le concept de sécurité psychologique, un terme popularisé par Amy Edmondson, professeur à Harvard. La sécurité psychologique désigne un environnement dans lequel les individus se sentent libres de prendre des risques, d'exprimer leurs opinions et de commettre des erreurs sans crainte de représailles. Ce sentiment de sécurité est essentiel pour favoriser la confiance au sein des équipes. Lorsque les employés pensent que leurs collègues et leurs dirigeants ont leur intérêt à cœur, ils sont plus susceptibles de s'engager pleinement, d'innover et de collaborer efficacement.
La relation de cause à effet entre la sécurité psychologique et la confiance est claire : lorsque les gens se sentent psychologiquement en sécurité, ils sont plus enclins à faire confiance à leurs pairs et à leurs dirigeants. Cette confiance, à son tour, entraîne des niveaux plus élevés d'engagement, de créativité et de productivité. Les organisations qui accordent la priorité à la sécurité psychologique créent un cercle vertueux dans lequel la confiance engendre plus de confiance, ce qui conduit à une culture d’entreprise florissante.
Sécurité psychologique et chimie du cerveau
Pour approfondir la science de la confiance, nous pouvons nous tourner vers la théorie polyvagale, élaborée par le neuroscientifique Stephen Porges. Cette théorie explique comment notre système nerveux autonome influence notre capacité à nous engager socialement et à nouer des relations. Selon Porges, notre système nerveux présente trois états : vagal ventral, sympathique et vagal dorsal. La compréhension de ces états est essentielle pour comprendre comment nous établissons la confiance.
État vagal ventral : Il s'agit de l'état d'engagement social et de connexion. Lorsque nous nous sentons en sécurité, notre système vagal ventral est activé, ce qui favorise le calme, la relaxation et l'interaction sociale. Dans cet état, notre rythme cardiaque est régulé, notre respiration est régulière et nous nous sentons connectés aux autres. Cet état est essentiel pour établir la confiance et nouer des relations authentiques.
État sympathique : Il s'agit de l'état de mobilisation, souvent appelé réaction de lutte ou de fuite. Lorsque nous percevons une menace, notre système nerveux sympathique se met en marche, augmentant notre rythme cardiaque, notre tension artérielle et notre vigilance. Bien que cet état soit crucial pour répondre aux dangers immédiats, une activation prolongée peut conduire au stress et à l'anxiété, entravant notre capacité à faire confiance aux autres et à établir des liens avec eux. Le stress et l'anxiété conduisent à des comportements individualistes, à des stratégies d'auto-préservation. Ils réduisent également notre capacité à faire preuve d'empathie envers les autres, à sortir des sentiers battus et à nous réinventer.
État vagal dorsal : C'est l'état d'immobilisation ou de fermeture. Lorsque nous sommes confrontés à un danger extrême ou que nous nous sentons dépassés, notre système vagal dorsal prend le dessus, ralentissant notre rythme cardiaque et réduisant notre niveau d'énergie. Cet état peut entraîner des sentiments de dissociation, d'engourdissement et d'impuissance. Bien qu'il puisse s'agir d'un mécanisme de protection dans les situations où la vie est en danger, l'activation chronique peut être préjudiciable à notre santé mentale et à nos relations sociales. Cela inclut la dépression profonde et l'épuisement professionnel.
La sécurité psychologique s'aligne sur l'état vagal ventral. Lorsque les individus se sentent en sécurité, leur système nerveux est dans un état qui favorise l'engagement social et la connexion. Ce fondement biologique souligne l'importance de créer des environnements dans lesquels les gens se sentent en sécurité. Dans de tels environnements, la confiance peut s'épanouir, ce qui conduit à des relations plus fortes et plus authentiques au sein de l'organisation.
Confiance et intelligence collective : Un facteur de réussite pour les entreprises aujourd'hui
La confiance n'est pas seulement un facteur de bien-être ; c'est un moteur essentiel de l'intelligence collective. L'intelligence collective fait référence à la capacité accrue qui est créée lorsque les gens travaillent ensemble, en tirant parti de leurs diverses compétences et perspectives. Dans le monde BANI, où les défis sont complexes et multiformes, l'intelligence collective devient un facteur clé de différenciation pour les organisations qui réussissent.
Lorsque la confiance est présente, les équipes sont plus susceptibles de partager des informations ouvertement, de collaborer efficacement et de prendre de meilleures décisions. La confiance réduit les frictions qui peuvent entraver la communication et la collaboration, ce qui permet aux équipes d'exploiter pleinement leur intelligence collective. Il en résulte des solutions innovantes, des performances accrues et un avantage concurrentiel sur le marché.
Conclusion : faire de la confiance une priorité ?
En tant que leaders et managers, il est impératif de faire de la confiance une priorité au sein de vos organisations. Ce faisant, vous améliorerez non seulement les performances de votre équipe, mais vous construirez également une organisation résiliente et adaptable, capable de prospérer face à l'incertitude.
La confiance est un facteur qui permet à l'être humain de faire ce qu'il fait de mieux : se réinventer sans cesse ! Se réinventer encore et encore ! Le passé et le présent nous montrent que les « stratégies de survie » à court terme brouillent les pistes et mettent des bâtons dans les roues d'un avenir radieux.
Pouvons-nous prendre le risque de nous en tenir à ces stratégies de survie ? Ou sommes-nous prêts à contribuer à l'évolution de l'humanité en réinventant notre façon de travailler ?
Comment allons-nous créer des lieux de travail où la confiance est la norme et voir nos organisations prospérer ? Il n'y a pas de solution universelle... Il y a en quelque sorte VOTRE solution... Souhaitez-vous la trouver ?
Pour en savoir plus sur la théorie polyvagale (en anglais)
Image: Pixabay - geralt
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